Bilan de 4 ans de recherche-action en psychiatrie de transition

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HUDERF psychiatrie

Quatre années de travaux intenses auront permis à la Chaire de Psychiatrie de Transition de l’Université Libre de Bruxelles d’articuler recherche et action. L’importance sociétale d’apporter une attention particulière à la santé mentale des 16-23 ans a été mise en évidence, accompagnée d’une série de recommandations multisectorielles. Remettant en question les modèles actuels de la (pédo)psychiatrie, les travaux de la Chaire ont permis de mieux comprendre les besoins des jeunes durant la période de leur vie où ils sont les plus à risque, d’initier des pistes concrètes pour pallier à la rupture de soins mais aussi innover et offrir une prise en charge adaptée aux jeunes à cet âge pivot pour leur avenir et pour leur santé mentale. 

Quatre grandes conclusions : flexibilité, partage, implication et coopération

Au terme de ces 4 années de collaborations et de recherche intenses, le groupe de travail de la Chaire de Transition en Psychiatrie a formulé lors de son colloque de clôture le 1er septembre dernier une série de recommandations qui transcendent les secteurs, les seuils d’âge et les frontières tels que nous les connaissons actuellement en psychiatrie. 

Pour les jeunes 16-24 ans, il est primordial de :

1/ offrir une prise en charge accessible, flexible, et youth-friendly;
2/ partager les expériences et les expertises des psychiatres “enfant/adolescent” et des psychiatres “adulte”;
3/ impliquer les jeunes dans les soins et l’élaboration des politiques;
4/ assurer la coopération entre réseaux “enfants/adolescents” et réseaux “adultes”.

Initiatives concrètes multiples nées avec l’impulsion de la Chaire

Grâce à son approche novatrice de recherche-action et un partage d’information tout azimut au fur et à mesure de ses progrès, la Chaire a permis de faire coexister quatre objectifs : les projets de recherche avec le développement de l’enseignement, la valorisation du partage des connaissances mais aussi l’impact social autour de la question de la transition en psychiatrie. Les travaux de la Chaire ont permis notamment d’élargir les collaborations à différents niveaux de la Communauté Française et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans les Hautes-écoles et Universités de l’ULG, l’UCL, et l’UMons, par la création de collaborations de recherche, de colloque sur la thématique, en passant par la création d’un réseau de partenaires francophones pour la transition. En 2022-2023 est également né un certificat universitaire sur la transition avec 7 modules d’enseignement au croisement entre la médecine, la psychologie, l’assistance sociale etc. Sur le plan du partage des connaissances, l’équipe a également fait usage d’une chaîne Youtube et des réseaux sociaux en plus des traditionnelles publications scientifiques et colloques annuels pour présenter leurs résultats, qui ont également été alimentés et partagés dans les groupes de travail de la Chaire. Côté patients, les réflexions ont été enrichies, discutées et remises en questions par des jeunes ayant apporté leur expertise patient par pair-aidance, un méthode mise au point pour créer des trajectoires gagnantes pour l’implication des paires et des pairs. De plus, un nouveau dispositif clinique ambulatoire pour les 16-24 ans a été ouvert en 2019 au sein des quatre sites bruxellois à la tête de la Chaire et ceci a facilité l’accès aux soins psychiatriques.

Un intérêt intersectoriel pour reconnaître et soutenir une population jeune à risque

Comme souligné par le Ministre fédéral de la Santé, Franck Vandenbroucke, le monde politique partage aussi une responsabilité d’implémenter les protocoles nécessaires, de prévoir les financements et les formations pour porter une politique permettant d’offrir le  soutien préventif et curatif approprié, mais aussi de faciliter l’emploi au sein de cette population à risque et d’appuyer une sensibilisation accrue en santé mentale. Côté institutionnel, les points d’action concernent les systèmes d’information (un dossier informatisé partagé encourage le suivi et le partage correct), l’importance de la flexibilité des institutions et des soignants pour favoriser l’adaptation des structures aux jeunes en âge de transition (et pas l’inverse), avec des limites souples, mais aussi une prise en charge des caractéristiques particulières des patients, l’encouragement de l’implication des patients et l’importance d’une approche préventive et précoce dans la santé mentale des jeunes. La palette intéressante d’initiatives intersectorielles en faveur des jeunes en âge de transition présentée lors de ce colloque démontre que le changement est en route à la fois dans la recherche académique mais aussi sur le terrain.

Investir davantage dans les stratégie préventives et l’intervention précoce

« Que tous les acteurs ayant eu de l’intérêt et ayant participé activement à repousser les frontières de nos connaissances sur la santé mentale à l’âge de transition soient tous remerciés pour l’intérêt et l’impact de leurs collaborations pour la santé des jeunes. Merci en particulier à tous nos patients, dont l’apport a été extrêmement éclairant dans toute une série de domaines », illustre Pr Véronique Delvenne. « Les défis actuels dans les champs clinique et de recherche restent nombreux. Nous sommes heureux d’avoir contribué à une meilleure compréhension de la psychopathologie spécifique des jeunes en âge de transition. Poursuivre collectivement l’adaptation et permettre l’innovation des modèles de soins en santé mentale reste un défi mais des portes sont ouvertes. Encore mieux cibler et satisfaire les besoins des jeunes en âge de transition, les impliquer dans des processus co-décisionnels, investir dans la prévention en termes de santé mentale, c’est investir dans l’avenir de la société », conclut-elle. 

 

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A propos de la Chaire de Transition

Financé à hauteur de 600.000 euros pour 3 ans par la Fondation Roi Baudouin, le Fonds Julie Renson et le Fonds Reine Fabiola, le groupe de travail s’est construit en 2019 dans un partenariat entre la pédopsychiatrie et la psychiatrie d’adulte de quatre institutions partenaires – Pr Véronique Delvenne (HUDERF), Pr Charles Kornreich (CHU Brugmann), Pr Marie Delhaye (Hôpital Erasme) et Pr Hélène Nicolis (SSM-ULB). Une équipe de chercheurs en (pédo)psychiatrie a participé activement au projet : Dr Simone Marchini, Dr Joana Reis, Dr Anthony De Leeuw, Dr Anaïs Mungo, Dr Betul Tedik, Dr Thimoty Hennebicq, Dr Samy Koslowitz, Dr Marie Poncelet et Mlle Ella Ben Shaool.

Retrouvez le programme et l’intégralité des exposés de la journée dédiée aux conclusion de la Chaire de Psychiatrie, organisée le 1er septembre 2023 | Chaîne Youtube : Transition_psy ULB - YouTube | Facebook : (2) Facebook | LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/chaire-de-psychiatrie-de-transition