Journée Mondiale des Cancers Pédiatriques- Interview
A l'occasion de la Journée Mondiale des Cancers Pédiatriques, nous vous proposons un entretien avec le Dr Devalck, Directrice du Service d'Hémato-Oncologie à l'Hôpital des Enfants
Dans le cadre de la Journée Mondiale des Cancers Pédiatriques, nous nous sommes entretenus avec le Dr. Christine Devalck, Directrice du service d'hémato-oncologie de l’Hôpital des Enfants, qui fait partie intégrante de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles, pour discuter de l'état actuel des cancers pédiatriques en Belgique, des priorités à venir et du nouveau centre de référence AYA (Adolescents and Young Adults).
Q : Dr Devalck, pouvez-vous nous présenter brièvement le service d’Oncologie de l’Hôpital des Enfants (Huderf) ?
Dr Christine Devalck : Le service d'oncologie de l'Hôpital des Enfants se consacre à offrir une prise en charge médicale globale aux enfants souffrant de cancer. Notre priorité est d'offrir les traitements les plus efficaces conformément aux recommandations internationales et d'améliorer la qualité de vie de nos patients en mettant en place des mesures visant à atténuer l'impact de la maladie au quotidien et à faciliter la transition entre l'hôpital et le domicile. En outre, nous fournissons un soutien psychologique, social et nutritionnel pour assurer un accompagnement complet
Notre établissement jouit d'une reconnaissance en tant que centre de référence en oncologie pédiatrique, et notre équipe est composée de professionnels hautement spécialisés. Nous entretenons une collaboration étroite avec d'autres établissements de santé nationaux et internationaux tout en étant fortement impliqués dans la recherche et le développement. Nous participons activement à des études cliniques visant à offrir à nos patients l'accès aux traitements les plus récents et novateurs disponibles.
Q : Dr Devalck, pouvez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle des cancers pédiatriques en Belgique ?
Dr Christine Devalck : En Belgique, nous assistons depuis plusieurs années à une évolution positive dans la prise en charge des cancers pédiatriques. Les progrès médicaux des dernières années ont considérablement amélioré les chances de guérison pour les enfants atteints de cancer. Les taux de survie sont en augmentation, et cela en grande partie grâce aux avancées dans les traitements et à une meilleure compréhension des maladies.
Une des priorités actuelles en oncologie pédiatrique est de mettre en avant la qualité de vie des enfants atteints de cancer
Q : Cependant, il est essentiel de noter que malgré ces progrès, il existe toujours des défis importants à relever. Pouvez-vous nous en parler ?
Dr Christine Devalck : Une des priorités actuelles en oncologie pédiatrique est de mettre en avant la qualité de vie des enfants atteints de cancer. Les traitements traditionnels tels que la chimiothérapie et la radiothérapie, bien qu'efficaces, peuvent entraîner des effets secondaires sévères, qui peuvent avoir un impact significatif sur la vie des jeunes patients. Nous cherchons activement des moyens de réduire ces effets secondaires tout en maintenant des taux de guérison élevés.
Q : Pourriez-vous nous parler des progrès thérapeutiques qui améliorent les résultats de traitement pour les enfants atteints de cancer ?
Dr Christine Devalck : Nous observons d'importantes avancées dans les traitements en oncologie pédiatrique. Par exemple, la thérapie ciblée permet de personnaliser les traitements en fonction des caractéristiques spécifiques du cancer de chaque enfant. L'immunothérapie, qui stimule le système immunitaire pour cibler les cellules cancéreuses, offre également de grands espoirs. De plus, la thérapie cellulaire, incluant la greffe de cellules souches hématopoiétiques, est une option cruciale pour le traitement de la leucémie.
Q : La sensibilisation à la détection précoce des cancers pédiatriques est également cruciale. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cela revêt une telle importance ?
Dr Christine Devalck : La détection précoce des cancers pédiatriques est vitale, car ces maladies peuvent se développer rapidement. Plus tôt nous pouvons diagnostiquer et traiter le cancer, meilleures sont les chances de guérison et moindres sont les séquelles à long terme. Les médecins généralistes jouent un rôle essentiel dans ce processus en identifiant rapidement les signes et symptômes suspects chez les enfants.
Le Centre de référence AYA
Q : Dr Devalck, pouvez-vous nous expliquer en quoi la création du Centre de référence AYA (Adolescents and Young Adults) de l'Institut Jules Bordet et de l’Huderf représente une avancée significative dans la prise en charge des adolescents et jeunes adultes atteints de cancer ?
Dr Christine Devalck : Le Centre de référence AYA est spécialement conçu pour répondre aux besoins uniques de cette population particulière. Les adolescents et jeunes adultes font face à des défis spécifiques, notamment sur le plan psychosocial, émotionnel et médical, et le centre AYA vise à les soutenir de manière globale.
Q : Pourriez-vous nous expliquer comment ce centre répond aux besoins spécifiques des adolescents et jeunes adultes atteints de cancer ?
Dr Christine Devalck : Les adolescents et jeunes adultes atteints de cancer se trouvent à un moment crucial de leur vie, où ils cherchent à s'affirmer, à construire leur identité, à poursuivre leur éducation ou leur carrière. Le cancer peut perturber leur quotidien et leurs projets de vie. Le centre AYA offre un environnement adapté à cette tranche d'âge, avec un soutien psychosocial spécifique pour les aider à faire face à l'impact émotionnel du cancer.
Q :En ce qui concerne la prise en charge médicale des cancers, quels sont les défis thérapeutiques lors de cette transition vers l’âge adulte des patients?
Dr Christine Devalck : Tout d'abord, il est important de noter que les types de cancer chez les adolescents et jeunes adultes peuvent être différents de ceux observés chez les enfants ou les adultes plus âgés. Par conséquent, la transition implique souvent un changement de spécialiste ou la collaboration entre plusieurs spécialistes, ce qui peut entraîner des ajustements dans la prise en charge médicale.
Ensuite, en raison du désir d'indépendance et de l’aspiration des adolescentes et des jeunes adultes à vivre une « vie normale » malgré le cancer, cela peut nécessiter une approche plus axée sur l'autonomie et le respect des choix du patient, tout en assurant le suivi approprié des traitements.
Q : Comment le centre de référence AYA contribue-t-il à la transition vers la vie après le cancer ?
Dr Christine Devalck : La transition après le cancer est une étape cruciale pour les adolescents et jeunes adultes. Le centre AYA aide à planifier cette transition, y compris la reprise de l'éducation, de la carrière, des relations sociales et de la vie quotidienne. Cette préparation est essentielle pour les aider à réintégrer pleinement la société après le cancer, en offrant des perspectives prometteuses pour leur avenir.
